Avril 2016 - Il est temps de quitter l'effervescence de la capitale pour partir chercher le calme dans la petite ville de Bandipur, tout particulièrement connue pour son charme et l'hospitalité de ses habitants.
On m'a promis un lieu plaisant et dépaysant, je ne suis pas déçue ! Tout comme Bhaktapur ou Patan dans la vallée de Katamandou, les murs des maisons sont en briques rouges et les fenêtres sont finement travaillées en bois, grand savoir-faire architectural des Newars. D'ailleurs, je ne le savais pas, mais les célèbres temples et pagodes de Chine sont l'œuvre d'artistes Newars emmenés à Lhassa et à Pékin par les empereurs mongols. Ici, c'est un bonheur de se perdre dans les petites rues ombragées. Je vais me reposer une nuit dans un charmant petit hôtel qui donne sur la place principale, avant de partir à l'aventure dans les montagnes à la rencontre d'un ethnie Magar ...
08h00 du matin, je termine mes œufs brouillés, j'enfile mon sac à dos et je m'engage dans les montagnes dominant la ville. Sur les hauteurs de Bandipur, quand le ciel est dégagé, on peut admirer les sommets des Annapurnas, le Ganesh Himal et le Manaslu ... Mais il faut le savoir, au mois d'avril, la vue est bouchée par un épais brouillard ... durant tout mon périple, je n'aurais jamais eu la chance d'apercevoir un bout de sommet himalayen. (une bonne excuse pour revenir!).
Mon guide népalais m'explique qu'ici, les locaux ne comprennent absolument pas notre grande lubie à vouloir faire des randonnées itinérantes en portant de lourds sac à dos. Eux marchent longtemps et dans de dures conditions pour effectuer leurs tâches quotidiennes. Pour eux, ce n'est pas un plaisir, mais une obligation dans leur vie de tous les jours.
Quelques heures de randonnée sur un étroit sentier de montagne qui longe de sublimes panoramas de plantations en terrasses me séparent de mon objectif. Je ne croise pas un touriste. Lorsque j'arrive dans le petit village Magar où mes hôtes m'attendent, je suis bien consciente que l'expérience va être unique, mais je ne savais alors pas à quel point.... Quelques voyageurs sont déjà venus jusqu'ici, mais je suis bien la première à venir y passer la nuit. Le lieu est encore totalement préservé du tourisme: pas d'auberge, pas de commerces ... juste un charmant village composé d'une soixantaine de maisons. On ne peut plus authentique !
Les Magars sont d'origine tibétaine, et possèdent comme eux une réputation de soldats courageux. Grands voyageurs, ils se sont installés un peu partout au Népal (sur les flancs du Dhaulagiri, dans l'est du pays ou même dans le Téraï.) Ce sont avant tout des artisans, des forgerons et des bâtisseurs de ponts. Autrefois, ils se joignaient aux caravanes qui franchissaient les cols himalayens pour aller chercher le sel au Tibet. Ils ont une grande facilité d'adaptation et ont su s'intégrer aux nombreux autres groupes ethniques du Népal.
A mon arrivée, je suis accueillie par mes hôtes, une grande famille de trois générations: parents, enfants et petits enfants. Les Magars possèdent leur propre dialecte que même mon guide ne peut comprendre. La discussion s'avère donc compliquée, mais tout passe par les regards, les attitudes et c'est ce qui fait toute la beauté de cette rencontre. C'est Polmaya (je ne dois surement pas bien écrire son prénom), un petit bout de femme énergique et souriante qui me prend un peu sous son aile. La complicité se fait de suite ! Elle est la belle fille, mariée à l'ainé des trois fils et est venue habitée au village avec sa belle famille, comme le veut la tradition.
Dans la journée, les hommes sont absents, occupés à garder les troupeaux, assis à discuter à l'ombre des arbres, tâche peu éreintante lorsque l'on sait ce que les femmes doivent faire. Comme je ne souhaite pas spécialement rester assise à les observer, je tente d'expliquer à Polmaya que je veux l'accompagner dans sa journée de travail. Elle ne comprend pas de suite mes intentions et est plutôt gênée. Mais nous voilà finalement parties pour une journée qui s'annonce riche et pleine de fous rires !
Polmaya se prend vite au jeu et parade fièrement en ma compagnie, devant les yeux curieux et un peu jaloux des autres femmes. Moi j'ai juste l'impression d'avoir rendez-vous "en terre inconnue" et c'est très excitant. La journée reste malgré tout très productive : monter aux arbres pour couper le feuillage qui servira à nourir les animaux, aller chercher l'eau dans de lourds bidons que l'on transporte à l'aide d'une corde en tissu posée sur le front (autant vous dire que ce n'est pas chose facile), nettoyer les excréments dans l'enclos des bêtes, cultiver aux champs, ranger la maison, préparer les repas, s'occuper des enfants, etc.
La nuit tombe ... l'éléctricté a été installée il y a 7 ans dans le village, ce qui facilite amplement la vie. Le repas est servi dans la maison. Alignés contre le mur, assis sur une natte, nous dégustons une cuisine très épicée (je ne vais décidément jamais m'y habituer) et l'incontournable Raksi, préparation d'alcool de maïs, qui finit de m'achever avec la fatigue. Nous rentrons les animaux dans des pièces fermées, par précaution contre les attaques de léopards ou de tigres. Mon lit est installé dans une pièce de passage, au rez de chaussée (les maisons magars sont toujours sur deux étages) et je commence à sombrer dans les bras de Morphée ... dehors, c'est la fête. Une fois par mois, les jeunes hommes du villages recoivent les jeunes filles des villages voisins pour discuter, jouer de la musique et peut être trouver leur future épouse, qui sait !? La nuit est difficile, les enfants rentrent et resortent dans ma chambre en sautant sur mon lit, allument et eteignent la lumière jusqu'à pas d'heure (ils ne dorment jamais ?) ... celles qui ont le mieux dormi, ce sont les poules au pied de mon lit !
Le lendemain matin, il est déjà temps de repartir. Les adieux avec Polmaya sont discrets mais nos regards en disent long ! Ce fut une très belle rencontre et une expérience vraiment unique !
Gwen
Conseillère Voyage sur le Népal
Terre d'Escales
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